Favoriser de bonnes conditions de travail est un enjeu considérable de performance tant pour les entreprises que pour les salariés. Pour autant, prises de conscience et de responsabilités semblent délicates. Sarah Haïlé-Fida, consultante spécialiste des risques psycho-sociaux (RPS) et formatrice pour AdesIDEES mène au quotidien des missions d’accompagnement pour leur prévention. Un mois avant sa participation à l’Université d’été sur « Le travail : confiance vs défiance, collectif vs individualisme », les 18 et 19 juin à Lille, notre spécialiste a répondu à nos questions et dresse un état des lieux.
Le Club DéciDRH : Pourriez-vous nous expliquer en quoi consistent vos interventions en tant que consultante spécialiste des risques psycho-sociaux ?
Sarah Haïlé-Fida : J’interviens auprès d’entités qui perçoivent des dysfonctionnements dans leur organisation : recrudescence d’actes de violence, absentéismes, accidents…. Nous agissons à travers deux types de missions à destination des managers ou des RH : des missions d’évaluation et de prévention des risques psycho-sociaux, ainsi que des missions de formation (qualité de vie et bien-être au travail, RPS). Le but est d’en comprendre les enjeux mais surtout de procurer des outils, comme l’instauration d’un dialogue réel et efficace, permettant d’agir au quotidien dans la prévention de ces risques. Nous mettons en place une démarche constructive en nous intéressant au quotidien des salariés lors de journées d’observation, d’entretiens individuels ou collectifs. Il est essentiel qu’ils puissent ainsi évoquer leurs ressentis, leurs difficultés, tout en étant sollicités pour apporter des solutions. L’objectif est de faire remonter les évolutions du terrain au lieu de cogiter entre direction et management !
Le Club DéciDRH : Constatez-vous une évolution des types de RPS ?
Sarah Haïlé-Fida : On ne peut pas à proprement parler d’évolution des risques psycho-sociaux ; ces derniers étant définis de manière plus ou moins précise par le cadre législatif et par des chercheurs en sciences sociales, en mesure d’alerter sur les points à surveiller. Actuellement, ils sont surtout liés à une pression trop importante et un stress permanent et non verbalisé, qui portent atteinte à la santé psychologique des salariés. Même si les conditions d’activité ont changé depuis trente ans, il n’y a pas de « révolution » en termes de pression ; si ce n’est une conjoncture (crises financières) qui peut en favoriser le développement du fait de la précarité, de la crainte de perdre son emploi, par exemple.
Le Club DéciDRH : Vous vivez et exercez actuellement à Amsterdam (Pays-Bas). La prise en compte des RPS est-elle différente dans ce pays européen ?
Sarah Haïlé-Fida : Les Néerlandais ont un rapport au travail beaucoup plus distancié que les Français – ce n’est pas forcément leur priorité au contraire de la famille. La souffrance au travail et donc la considération des risques psycho-sociaux sont aussi envisagés différemment. Malgré tout, depuis ces dernières années, il y a une réflexion des sociétés quant au coût généré par l’absentéisme : 6 millions de jours par an perdus à cause du stress. Sa prise en compte reste cependant différente de la France. Aux Pays-Bas, la prise en charge des risques psycho-sociaux est en première intention individuelle. Un collaborateur souffrant de stress se verra attribué un coach pour l’aider par exemple à mieux s’organiser. Des conseils sur son alimentation et son activité physique, ou plus largement son hygiène de vie pourront lui être proposés. En France, la solution sera préférentiellement recherchée au niveau collectif – même si certaines méthodes individuelles de gestion du stress sont utilisées. Ces deux process sont intéressants et peut-être à utiliser en même temps. Pour autant, il me semble que repenser l’organisation elle-même permet de donner des conditions d’activité tenables à plus long terme.
Le Club DéciDRH : Vous interviendrez prochainement à notre Université d’été sur la thématique de la qualité de vie au travail. Selon vous quelle est la part de responsabilité des managers ?
Sarah Haïlé-Fida : Je pense qu’il faut être vigilant quant à la formulation de « responsabilité des managers ». Les managers ont certes un rôle à jouer dans le bien-être des employés mais dans une certaine mesure. Car tous n’ont pas les moyens de le prendre en charge. Je pense notamment aux responsables sur le terrain qui se sentent souvent pris entre le marteau et l’enclume, entre leur top management qui leur adresse des consignes et leurs collaborateurs qui ne sont pas en mesure de les interpréter et de les appliquer. Les managers de proximité ont un rôle à jouer au niveau de l’ambiance de travail, à condition d’avoir des marges d’action et une autonomie suffisante. Des formations au leadership peuvent aussi être efficaces.
Nos sincères remerciements à Sarah Haïlé-Fida pour cette interview.
Propos recueillis et retranscrits par Pauline Goudoux et Astrid Crabouillet.
Consultez le site de Sarah Haïlé-Fida, Time2change.
Retrouvez Sarah Haïlé-Fida à l’Université d’été sur « Le travail : confiance vs défiance, collectif vs individualisme » les 18 & 19 juin à Lille. Pour toutes informations et inscriptions, contacter Alissia Nono au 01 46 34 42 96 ou sur l’adresse mail alissia@decidrh.com.
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