Cécile Tricon-Bossard est la présidente de notre club depuis le début de l’année ! Découvrez à travers ce portrait sa vision des Ressources Humaines.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 53 ans et suis depuis 2020 Directrice des ressources humaines de Natixis, qui rassemble les métiers financiers globaux du groupe BPCE. D’origine marseillaise, je suis « montée » à Paris pour mes études et y suis restée, ce qui ne m’empêche pas de continuer à être très attachée à cette ville, notamment pour son côté melting pot, au croisement de multiples cultures qui font toute sa richesse. Je me suis orientée vers les ressources humaines pendant mes études à Sciences Po. J’y ai vu l’occasion de concilier mon goût prononcé pour les sciences humaines et tout ce qui touche à l’humain en général et mon besoin de pouvoir agir, d’avoir un impact concret. Ma carrière s’est déroulée au sein de deux groupes financiers, Société générale d’abord puis BPCE depuis une vingtaine d’années. C’est un secteur passionnant, qui vit des transformations majeures sous le coup des évolutions de l’environnement macroéconomique, de la réglementation, du digital…etc. Les enjeux RH y sont donc forts. Je suis entourée d’une très belle équipe, engagée et professionnelle, avec laquelle j’ai beaucoup de plaisir à travailler. Cela a été déterminant pour positionner la fonction RH au cœur des enjeux de transformation et pour les affronter avec le plus de sérénité possible et dans la bonne humeur. Nos 12 800 collaborateurs sont des experts qui accompagnent aujourd’hui leurs clients (des entreprises, investisseurs etc) dans les 3 grandes transitions environnementales, technologiques et sociétales, en leur proposant des solutions de financement et d’investissement innovantes et durables. La volonté d’avoir un impact durable, non seulement par nos actions en tant qu’entreprise, mais aussi via l’activité de nos clients, est un grand élément de fierté pour moi et donne encore davantage de sens à mon action.
En tant que décideur RH, si vous étiez une devise :
« Aucun de nous ne sait ce que nous savons tous ensemble », Euripide. J’aime bien cette devise car je la trouve utile pour se rappeler que le croisement des regards, des disciplines, le partage, le travail en équipe sont plus que jamais incontournables pour faire face à la complexité du monde actuel, avec en particulier des organisations du travail de plus en plus matricielles, le développement des méthodes agiles, des frontières qui deviennent poreuses entre les fonctions. Les équipes RH ne peuvent plus être performantes seules. Elles doivent construire des ponts et une collaboration régulière avec les autres fonctions, en particulier la finance, l’IT, l’organisation, la communication, workplace. Elles doivent également travailler moins en silo et proposer des approches plus intégrées mobilisant différentes expertises RH.
Si vous étiez un hashtag ? Difficile de choisir, mais je dirais #impact car je suis convaincue qu’aujourd’hui le rôle des entreprises ne peut plus se réduire à la recherche de performance économique et financière. Elles doivent également agir sur leur environnement, contribuer aux grands enjeux sociétaux, climatiques, etc. Et les politiques RH sont évidemment des leviers incontournables (via par exemple la gestion de l’emploi, les actions en faveur de l’intégration des jeunes, l’inclusion de toutes les diversités, l’égalité professionnelle, le soutien à la parentalité, le mécénat de compétences…)
Si vous étiez un projet RH ? Je serais un projet en lien avec la formation aux métiers d’avenir et aux soft skills. Les emplois évoluent tellement rapidement depuis quelques années et le mouvement s’accélère. Si les entreprises n’investissent pas davantage dans la formation, et les managers ne l’intègrent pas dans l’agenda de leurs équipes, le risque est fort de laisser beaucoup de monde sur le bord de la route. Par ailleurs faciliter les évolutions professionnelles de ceux dont les emplois disparaissent vers des métiers d’avenir permet en même temps de pourvoir des emplois émergents, sur lequel il y a une pénurie de candidats (data scientist, IT developer par exemple). Tout le monde est gagnant ! Je suis très sensible à la responsabilité de l’entreprise en matière d’emploi. Permettre aux collaborateurs d’acquérir en continu les compétences nécessaires aux besoins de l’entreprise et au maintien de leur employabilité, est essentiel si on veut être un employeur responsable. C’est un beau challenge pour les équipes RH, qui doivent à la fois faire preuve d’innovation dans les outils proposés mais aussi agir sur la culture d’entreprise pour réduire les croyances limitantes (comme pour les managers survaloriser l’expertise ou le niveau d’expérience nécessaire sur un poste qui les conduit souvent à écarter des candidats pourtant très motivés et disposant d’une capacité d’apprentissage réelle). Développer de nouveaux modes d’apprentissages, établir des partenariats entre le monde académique et l’entreprise, utiliser l’IA et la data pour proposer des approches plus personnalisées, autant d’éléments qui me paraissent aujourd’hui incontournables pour les politiques RH d’un monde qui bouge de plus en plus vite.
Si vous étiez ministre du travail, quelle mesures phares mettriez-vous en place ?
J’irais plus loin sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Je partage l’avis de Brigitte Grésy, qui dit que la transition sociétale de l’égalité est un enjeu aussi fort que les transitions numériques et énergétiques. Dans les mesures possibles, j’allongerais encore le congé de paternité, car je crois que l’égalité au travail passe par un meilleur équilibre à la maison, dans la gestion de la parentalité en particulier. Je renforcerais également les obligations des entreprises dans la mixité des instances de direction et dans la suppression des inégalités salariales pour que les emplois occupés majoritairement par des femmes ne soient pas systématiquement les moins bien rémunérés. Les quotas, à compétences égales, sont sans doute la seule solution si on veut que la situation progresse rapidement.
Sur un autre thème, je reverrais les règles de gestion du temps de travail, qui sont de moins en moins pertinentes avec le développement du travail hybride et l’évolution des attentes de la jeune génération.
Et si décidRH était LE club idéal, il serait …
Un club où on peut se ressourcer entre pairs, rencontrer des acteurs engagés et passionnés par les sujets RH, mais venant d’univers ou ayant des profils très divers pour s’inspirer et s’enrichir mutuellement, dans la simplicité, l’ouverture mais aussi la convivialité et l’humour … j’ai toujours adoré la devise du club, « Les RH, un sujet trop sérieux pour être confié à des gens tristes ! ».
Les équipes RH, et moi la première, oublient trop souvent de s’occuper d’elles, de prendre des temps de respiration et d’inspiration pourtant nécessaires pour rester innovant et créatif dans la durée. Le contexte de ces dernières années a encore accentué cette tendance. Alors en tant que présidente, j’aimerais vraiment passer le message que faire partie d’un club, ce n’est pas du temps perdu, cela permet d’être encore plus pertinent dans son job et bien dans ses baskets, donc rejoignez nous !
Si vous souhaitez plus d’informations sur le club et nous rejoindre, cliquez ici ou contactez directement Christophe Leparq (christophe.leparq@decidrh.com / 01 46 34 85 00)
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