Qu’en retenir ?

Pour cette dernière édition, entre le 20 et le 24 avril dernier, la ville d’Hyères et la villa Noailles accueillaient les professionnels du secteur de la Mode et de la Photographie. Un parcours de conférences, tables rondes, expositions, proposent aux festivaliers un panorama des enjeux, projets, sujets qui traversent ces professions : le blockchain et la propriété intellectuelle, le renouveau de la maison Schiaparelli…

Plaisir de découvrir les savoir-faire de maisons et les dernières propositions d’artistes établis. Joie de découvrir de nouveaux talents !

La règle du jeu est simple : 10 stylistes proposent leur vision de la mode lors d’un défilé dans un entrepôt artistiquement inspiré par l’univers du lauréat de l’année précédente, 10 jeunes photographes présentent leur univers et exposent leurs photos sur les murs de la Villa et 10 créateurs d’accessoires exposent leurs créations (souliers, lunettes, chaussures, bijoux, chapeaux…). Soit 30 jeunes talents sélectionnés par les acteurs du secteur et invités par le Festival à présenter leurs réalisations à un public de professionnels (et aussi d’amateurs) avides de rencontrer de nouvelles propositions pour accompagner le développement et l’avenir de cette industrie créative.

 

 

 

 

 

 

 

 

Des vêtements et des images qui osent proposer des points de vue sur le monde, expérimentent des techniques, matériaux, assemblages nouveaux, que les yeux des professionnels savent traduire en savoir-faire, innovation, inventivité, technicité, difficulté et potentiel.

 

Que retenir du Festival qui soit applicable à tous nos secteurs professionnels ?

Un devoir. Celui de définir ce que sont les jeunes talents pour chacun de nos métiers, les dénicher, les inviter à s’exprimer, leur trouver une façon de se rendre visible et accompagner leurs premiers pas.

Comment repérer un talent ?

Un talent, quel qu’il soit, est d’abord une capacité et une motivation à créer, inventer et proposer un projet ou un produit. Une capacité à poursuivre une idée et à la travailler jusqu’à lui donner une forme visible et aboutie. Savoir s’exprimer d’une façon différenciée et oser une proposition jamais vue, entendue, ou exploitée. Une nouvelle matière à utiliser, une forme inédite, une utilisation non prévue, accrocher le regard par un autre angle, détourner une technique… Puis, il s’agit d’oser montrer son travail, utiliser les voies des écoles, des marques, des réseaux, des collectivités, trouver des ressources, des financements, des scènes, des show-room, et espérer être choisi pour être exposé, présenté, mis en scène pour avoir l’opportunité de trouver un public et une audience. Un talent est aussi une persévérance et une adaptation à ce qui va se présenter.

Les lauréats du Festival International d’Hyères se voient du jour au lendemain exposés, photographiés, doivent s’exprimer, présenter leurs réalisations, parler de leur univers, devenir visibles, puis au bout d’un certain temps redevenir moins visibles, rejoindre les lauréats des années précédentes et profiter de leur expérience… et persévérer encore…

Enfin, dénicher des talents, les rendre visibles, c’est déjà beaucoup mais ça ne suffit pas. Il faut encore accompagner leur développement et prévoir, comme par exemple pour les lauréats de la Mode, des lieux, les Ateliers de la Ville de Paris, pour qu’ils puissent continuer à travailler, leur offrir des collaborations généreuses, l’accompagnement de mentors expérimentés, des fonds pour acheter leur matériel et financer leur installation ou prévoir des pépinières, des graduate program qui les accueillent au sein des entreprises, un premier poste…

Ouvrir sa curiosité, mobiliser ses moyens et ses ressources pour les jeunes générations de talents revient à anticiper et accompagner les évolutions de nos industries et secteurs professionnels. Un talent n’est pas qu’une danseuse, un designer ou un photographe, il est un projet et un avenir… A nous professionnels des Talents d’en être les imprésario…

Article écrit par Nathalie Lemesle, experte Créativité et Talent, Associée AdesIDEES.

Crédits photographiques : Virgile Guinard (Vogue France)