Le Club DéciDRH organisait jeudi 24 janvier 2013 une belle soirée placée sous les signes de la diversité, de la chaleur et de la sagesse africaine afin de faire oublier la grisaille hivernale parisienne.
Installez-vous bien, vous êtes en Afrique !
Accueillis par Christophe Leparq habillé en baroudeur de la brousse, les invités ont ensuite formé un cercle pour écouter Antonella Desneux, Directrice Citoyenneté, Innovation Sociétale et développement durable du groupe SFR, Vice-présidente du Club DéciDRH, présenter les deux griots de la soirée, Olivier Lajous, Président du Club DéciDRH, élu DRH de l’année 2012, président de la Société Nationale de Sauvetage en mer et Hubert Auriol, Pilote de rallye, ancien organisateur du Paris-Dakar, fondateur de l’Africa Eco Race, parrain de l’association ‘La chaine de l’espoir’ Belgique.
Avant de prendre la parole, Olivier Lajous nous passe la chanson ‘De Lénine à Lennon’ de Gérard Lenormand car dit-il, « cette chanson reflète bien le sujet de ce soir. Il est souvent difficile d’admettre la diversité, qui demande la prise en compte des différences de chacun sans pour autant porter de jugement ! »
La magie du Verbe
« Hubert et moi sommes des nomades du désert et de la mer. Nous souhaitons vous faire partager les rencontres que nous avons vécues sur le continent africain, en en tirant des leçons d’humanité », reprend Olivier Lajous, qui continue « L’une des clefs de l’Afrique est le Verbe. Il existe peu de tradition écrite en Afrique. Depuis des millénaires les africains se transmettent leur histoire par la parole, et gardent un très grand respect pour la magie du Verbe et sa signification. Ils aiment les formules imagées et percutantes. Dans nos métiers, on n’est jamais assez attentif à la façon dont la personne en face comprend nos paroles. S’assurer que les mots employés recouvrent la même signification pour les différents interlocuteurs est primordial, d’autant plus quand on dirige une équipe. »
Olivier Lajous nous conte l’anecdote de Dagobert, employé de maison, à qui il a été demandé de rajouter une rallonge à la table du salon, et qui a posé la rallonge électrique sur la table… Il nous lit ensuite « les 10 commandements du chauffeur Togolais » tirés d’un exemplaire du journal Togo Presse de 1979, qui tiennent plus du poème lyrique que de consignes de la sécurité routière !
Laisser du temps au temps…
Le rapport au temps est également vécu très différemment sur le continent africain. Hubert Auriol nous explique qu’un rendez-vous prévu un jour peut en réalité se dérouler une semaine après. Il l’a expérimenté plusieurs fois, notamment avec le Président Mauritanien. « Le temps possède une valeur différente de celle qu’on lui attribue ici », confirme Hubert Auriol. « Il faut comprendre cet état de fait et l’accepter, sinon les déconvenues ou les malentendus seront inévitables. »
Alors qu’il était en tête du Paris-Dakar, en 1987, il a voulu lors de la dernière étape demander son chemin. Il a dû pour cela sortir de la voiture, enlever son casque, dire bonjour et enfin demander son chemin. Cela lui a coûté la victoire !
Antonella Desneux indique qu’il n’est pas toujours facile dans notre quotidien de prendre le temps, celui de la réflexion, celui de la discussion.
Lors de son arrivée, chaque participant était invité à donner par écrit sur un petit papier sa propre définition des Richesses Humaines. Antonella Desneux en tire un au sort : ‘Les richesses humaines ont un noyau dur : la compassion, l’adaptabilité et l’efficacité ; le reste est un plus’ ; elle demande à nos deux conteurs ce que cela leur inspire.
L’amour, toujours l’amour !
Olivier Lajous préfère le mot amour au mot compassion : « Un DRH doit s’aimer avant de pouvoir s’ouvrir aux autres. Il doit ensuite connaitre l’autre, sans le juger. Nous sommes souvent enclins à juger et à tomber dans des clichés, comme si l’on était en perpétuelle compétition. Etre prêt à admettre que celui en face de nous est notre égal constitue la première étape de la diversité. »
Il n’a jamais oublié le conseil qu’il a reçu de son chef au début de sa carrière : ‘Vous avez choisi d’être officier : commandez fermement, justement, en vous souvenant toujours que ceux que vous dirigez vous valent en tant qu’être humain.’
« Les africains ont des projets communs. Les anciens ont toute leur place dans la société, tout comme le jeune, à qui on laisse une grande liberté. Et au milieu se trouve la femme » commente Olivier Lajous, qui nous conseille vivement de lire Madame Bâ de son ami Erik Orsenna.
« L’adaptabilité est la base du métier de pilote », enchaîne sur les chapeaux de roue Hubert Auriol. « En course on doit oublier ce qu’on a appris dans notre quotidien et réagir rapidement aux situations nouvelles qui se succèdent. La notion de confort est mise de côté. Quand on quitte un monde organisé, il faut s’adapter ou alors abandonner ! »
« Prenons le temps de l’échange maintenant ! » s’exclame Antonella Desneux qui invite les participants à poser des questions.
Afrique, le continent de demain
Qu’est-ce qui a changé en Afrique ces dix ou 20 dernières années ?
« Il y a trente ans l’Afrique possédait un côté très mystérieux. Le désert était beaucoup moins accessible que maintenant », raconte Hubert Auriol. « On constate un véritable changement dans les pays du centre et du sud. Aujourd’hui on en est à la troisième génération de gens ayant reçu une bonne éducation, qui entreprennent et qui en font un terrain de développement. L’Afrique avant n’intéressait que pour ses matières premières. Cela est en train de changer et c’est très positif. »
« L’Afrique connait beaucoup de violence, qui s’appuie sur la misère, l’intégrisme et la cupidité » ajoute Olivier Lajous. « Mais c’est un continent merveilleux, contrasté et unique, dont il est difficile de décrypter tous les codes »
Il nous raconte ainsi qu’aux débuts du Paris Dakar, avec Thierry Sabine, Daniel Balavoine et Michel Colucci, il s’est rendu en Haute Volta pour installer des puits dans un village. Mais quelques jours plus tard le chef du village est venu se plaindre car la vie sociale s’en était trouvée bouleversée : les femmes auparavant partaient quatre heures par jour pour chercher de l’eau, ce qui laissait aux uns et aux autres une plage de liberté qui n’existait plus. L’amiral lui a répondu d’instaurer des jours avec puits et des jours sans.
« Il y a encore une leçon à tirer pour nous décideurs RH : chaque fois qu’on apporte une réponse, il faut prendre le temps de vérifier la pertinence de cette réponse. A aller trop vite, avec des gens pas encore prêts, cela ne fonctionnera pas. Il faut entendre la culture de l’autre. »
Et de terminer par ces mots : « On ne peut pas conclure une soirée sur l’Afrique sans un proverbe : un homme sans culture ressemble à un zèbre sans rayure ! »
Christophe Leparq rappelle que le Club DéciDRH est partenaire du Rugby Club Massy Essonne (RCME) qui évolue en PRO D2. Le RCME organise une journée de la cohésion sociale le 14 avril, comprenant un forum emploi, des conférences, des courses à pieds. Toutes les entreprises sont les bienvenues !
Nous avons demandé aux participants leur propre définition de RICHESSES HUMAINES. En voici un florilège :
Pour vous les Richesses humaines, c’est…
« La diversité, la créativité, la curiosité, la générosité »
« Vaste sujet ! L’échange, la diversité, la culture »
« Partage et échanges de savoir et savoir-être qui font grandir chacun de nous ».
« Les richesses de l’homme, ce sont ses souvenirs ! »
« Le partage des compétences et des connaissances »
« L’amour ! »
« Avancer ensemble »
« Nos différences ! »
« Une chance pour l’avenir de l’entreprise »
« L’échange »
« Un merveilleux mélange d’aspirations, d’engagement et de talent »
« Les hommes »
« La relation, le partage, le respect »
« La compréhension, le partage, l’échange »
…
Merci à tous et à très bientôt !