Avec plus de 80 000 salariés sur les cinq continents, Transdev est le spécialiste du transport multimodal (train, tramway, bus, autocar, transport à la demande (TAD), navettes aéroportuaires, ferries, etc.). Issue d’une récente fusion menée à bien après six années d’orientations, rapprochements et consultations, la nouvelle DRH Groupe s’attèle aujourd’hui à insuffler un mode de management par projets. Ralf Gottwald, Directeur Rémunérations, Avantages Sociaux et Audit RH, également membre du Club DéciDRH, nous en dit plus sur les enjeux de cette politique RH à promouvoir en interne.
Le Club DéciDRH : Quelles sont les évolutions en matière de rémunération et avantages sociaux chez Transdev ?
Ralf Gottwald : Depuis 2008, nous vivons une période de post-crise sur les secteurs d’activités liés notamment aux investissements publiques. Nous sommes fortement tributaires des entités territoriales qui sont nos donneuses d’ordres. Du fait de ce contexte, en matière de rémunération, nous avons une politique d’augmentation prudente ; le premier critère de négociation collective étant lié aujourd’hui au taux d’inflation. L’organisation de la rémunération chez Transdev consiste ainsi en des campagnes de paies mondialisées pour certains niveaux de collaborateurs ; c’est-à-dire les cadres dirigeants, les cadres supérieurs et les cadres. Les employés et les ouvriers (conducteurs), quant à eux, bénéficient d’une politique de rémunération au niveau local, plus proche des réalités des bassins d’emplois. A titre indicatif, notre taux d’encadrement (plus de 3%) est relativement faible ; comme pour l’armée, nous comptons beaucoup de troupes mais peu d’officiers ! De plus, nous formalisons à l’échelle mondiale le management par objectif (MPO) qui permet de contrôler et de répartir la rémunération d’une façon plus juste. La tendance va inexorablement vers l’individualisation des salaires, notamment pour les cadres. Tout ce qui concerne le collectif en France est imprégné par une culture syndicale française qui oblige à négocier mais rarement à conclure. Concernant les avantages sociaux, ils sont liés aux bénéfices du groupe ce qui en fait des sujets lourds, politiques et compliqués à gérer. Nous sommes actuellement dans une stratégie d’harmonisation mondiale et d’équité en termes de classification, de rémunération et d’épargne salariale. Ainsi, gérer des systèmes très différents n’est pas toujours simple. Des pays comme l’Inde, le Chili, le Canada ne sont pas dans les même dynamiques et degrés de maturité que l’Europe par exemple. Par ailleurs, nous recueillons annuellement l’intégralité des avantages sociaux via un process informatisé. Transdev n’étant pas côté en bourse, rien ne nous oblige à faire des publications très exhaustives ; mais ce suivi spécifique nous permet d’avoir une meilleure vision de nos engagements sociaux qui vont compter de plus en plus dans la composition de la rémunération globale.
Le Club DéciDRH : Une partie de votre fonction concerne également l’audit RH et la mobilité internationale. Pouvez-vous nous en parler ?
Ralf Gottwald : L’audit RH préoccupe ponctuellement les comités d’engagement notamment lors de grands appels d’offre afin d’évaluer les risques liés aux aspects RH du dossier. Nous sommes donc consultés à ce moment-là. Concernant la mobilité internationale, nous avons considéré que cela tenait de la rémunération. En effet, la priorité pour le candidat à la mobilité internationale est de savoir dans quelles conditions il va partir. A partir de là, c’est l’intégralité du package qui est à construire entre la société qui envoie, celle qui l’accueille et le salarié. Ce process est complexe compte tenu des législations en matière sociales et fiscales différentes selon les pays. Son optimisation est donc intrinsèquement liée à la rémunération. Les récentes évolutions de notre SIRH permettent d’appréhender la mobilité internationale d’un point de vue global, en lien étroit avec la gestion des talents, des compétences et des plans de succession. Cet axe est une de nos priorités que nous comptons à terme déployer au niveau mondial.
Le Club DéciDRH : Quelles sont vos priorités en 2015 ?
Ralf Gottwald : Nous devons être contributeur par rapport à une redynamisation de la DRH. Il s’agit de favoriser une proximité accrue auprès des opérationnels mais aussi des autres parties prenantes fonctionnelles telle que la Direction Générale. L’approche terrain doit être privilégiée pour développer l’appartenance à notre nouvelle entité. Les arbitrages exigent d’être clairs tout comme pour le choix des outils et les contenus, expliqués de manière très pédagogique pour que chacun y prenne part. A ce titre, la DRH Groupe a récemment effectué une prise de service à six heures du matin dans différentes agences d’Ile-de-France. Les membres de la DRH ont été accueillis par groupe de cinq à six personnes par le responsable d’agence pour en observer le fonctionnement. Il nous semble important de montrer la présence et l’implication de la DRH sur le terrain pour partager les expériences. Ces échanges communs génèrent un sentiment de reconnaissance. Notre deuxième challenge consiste à organiser la DRH de manière plus performante par rapport aux objectifs à atteindre. Il nous faut favoriser l’autonomie, les prises de risques et de décisions, sans abandonner l’esprit d’équipe. C’est une double contrainte : les collaborateurs attendent des informations complètes de leurs directeurs dont ils ne disposent que partiellement. Les marges de manœuvre, sans augmentation importante des effectifs (en raison des contraintes budgétaires), existent et permettent de gagner en performance : optimisation des processus et partage des informations en interne. Le management par projet ne consiste pas à tout diviser en petits projets mais à être lisible pour une meilleure efficacité de l’ensemble de la DRH.
Le Club DéciDRH : Quelles sont les perspectives pour Transdev dans les années à venir ?
Ralf Gottwald : L’ouverture à la concurrence planifiée signifie que nous aurons des marchés à prendre. Nos axes de développement prioritaires concernent ainsi en grande partie le rail avec le quatrième paquet ferroviaire. Ensuite, le transport à la demande, notamment connecté avec les nouvelles technologies. Nous sommes en retard en France comparé par exemple à nos activités à Séoul. Il faut être humble mais raisonnablement ambitieux, il y a des domaines où nous devons vraiment nous développer, être performants et sélectifs dans nos offres !
Nos sincères remerciements à Ralf Gottwald pour cette interview.
Propos recueillis et retranscrits par Pauline Goudoux et Astrid Crabouillet.
Consulter le site de Transdev, ici.
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