Nos intervenants ont été parfaits (comme d’habitude) et nous avons pu envisager les enjeux du mensonge au sein de nos organisations sous de multiples facettes.
Christophe Leparq, directeur de l’agence Adesidées et fondateur de décidRH a introduit ce webinaire avec quelques chiffres clés, donnant tout de suite un certain relief à la place du mensonge en entreprise :
Un constat donc : à l’heure de la surinformation que nous subissons, le mensonge est devenu banal et les fake news monnaie courante. Quelles sont les clés accessibles pour mieux comprendre le mensonge et la psychologie des menteurs ? Quelle stratégie mettre en place dans nos organisations et comment manager en vérité ?
Frédéric Tomas, psychologue et spécialiste de l’analyse du discours (notamment auprès des forces de l’ordre depuis quelques années) est revenu longuement sur la difficulté de détecter le mensonge et sur l’attention que les DRH doivent avoir envers des solutions souvent malhonnêtes et mensongères. Pour bien comprendre le mensonge, il faut déjà prendre en compte son omniprésence : « le mensonge est partout. On ment en moyenne entre 2 et 3 fois par jour ». Détecter le mensonge est donc plus souvent le fruit du hasard. Mais comment est-on arrivé à se questionner autant sur le mensonge dans le domaine des ressources humaines. Il faut remonter notamment, quelques années auparavant, à l’histoire de l’ancien PDG de Yahoo qui pour y être embauché avait menti sur son CV et ses compétences et avait ainsi signé la mort de cette entreprise.
Comment expliquer que nous soyons si mauvais dans la détection du mensonge ? Et comment une situation pareille peut réellement exister ? Tout d’abord le mensonge dans notre société est un « ciment social » qu’il convient de ne pas négliger permettant de maintenir des relations sociales durables et d’éviter un conflit permanent. Le mensonge ensuite peut prendre différentes formes et notamment dans le recrutement : on va facilement procéder au « mensonge par inflation » en « gonflant son expérience » afin de se vendre et de séduire les recruteurs. Ou « mentir par omission » pour éviter de révéler une situation décevante ou ne nous mettant pas à notre avantage. Ces « biais », intervenant dans les entretiens, sont aussi souvent accompagnés de croyances devenues « universelles » de détection du mensonge grâce notamment aux séries (comme Lie to Me, ou The Mentalist) ou à la vulgarisation réalisée par les médias : un menteur détourne le regard ou l’utilisation nécessaire d’un détecteur de mensonge comme arme ultime contre la dissimulation. Mais en réalité, le mensonge est plus complexe que cela et il n’existe pas de solution infaillible quand à sa détection. Mais comment faire aujourd’hui pour limiter la place du mensonge dans nos organisations ?
Selon Frédéric Tomas, 3 solutions s’offrent à vous :
- Prendre en compte ses propres biais et développer ainsi une humilité salvatrice face au candidat
- Se former à la conduite d’un entretien, exercice plus complexe qu’il n’y parait et qui possède de nombreuses règles pour être réellement efficace
- Préparer vos entretiens en maîtrisant l’environnement et en connaissant en amont un maximum la personne interrogée
Ces solutions vous permettront de limiter les risques qui sont principalement, dans le cadre d’un entretien de recrutement d’engager un menteur mettant à mal votre organisation car non compétent, ou s’éviter un cas de menace interne et l’espionnage industriel.
Michel Lebelle, ingénieur cogniticien spécialisé dans le management et la gestion des interactions est venu alerter les DRH sur l’importance de manager en vérité ! Suite à une enquête menée aux côtés de l’APEC, il est ressorti la possibilité pour les entreprises de mener un double mensonge :
- Le premier étant de ne pas donner un descriptif assez détaillé du travail réel, notamment dans les annonces, dégradant ainsi les relations que le recruté peut avoir avec l’organisation et mettant aussi à mal sa montée en compétence et la performance de l’entreprise
- Le deuxième souvent identifié par un manque d’informations sur l’environnement dans lequel le futur salarié va évoluer pouvant la encore amener une confusion chez lui et à un sentiment de s’être fait duper
Ces remarques doivent aussi être prises en compte dans le cadre de l’intégration et dans la gestion des interactions : la transparence dans ces process doit être de mise et permet ainsi un management en vérité !
Thibault Renard, expert en intelligence économique et esprit critique, est revenu ensuite que la question morale du mensonge. Il existe selon lui, « une convention tacite du mensonge dans notre société actuelle » et revient sur les propos de Frédéric Tomas, notamment sur la question des biais que nous possédons tous notamment dans le cadre d’un entretien de recrutement. Néanmoins, il insiste sur 3 idées reçues que l’on a sur le mensonge et qui de fait, brouillent souvent les pistes :
- Idée reçue n°1 : la confusion entre « véracité » et « vérité » : on peut manipuler une personnes avec des faits dont la véracité a été prouvée et l’amener à une conclusion erronée. Attention notamment aux raisonnements menés sur des événements passés !
- Idée reçue n°2 : le mensonge ou la fake news fonctionne parce que les gens sont crédules. Raisonnement faux : une fake news fonctionne car elle est crédible à la base
- Idée reçue n°3 : « plus c’est gros, plus ça passe ! ». On ne peut appliquer cette idée reçue au mensonge de manière systématique…
Thierry Mosbah quant à lui, en sa qualité de DRH, a interrogé le niveau « acceptable » de mensonge dans le cadre d’une organisation tant du côté du recruteur que du côté du salarié. Jusqu’où peut-on accepter le mensonge et qu’est-ce que cela implique réellement ?
Pour conclure ce débat, nous sommes revenus sur la notion de fake news, qui ont été, en cette période d’urgence sanitaire, plus que présentes. Quelle est la spécificité de la fake news par rapport au mensonge ? Thibault Renard, souvent interrogé sur cette question, inscrit cette spécificité dans la viralité et dans cette promesse induite de « récompense ». En effet, la fake news a 4 effets sur nous :
- Elle nous confirme dans nos préjugés
- Elle nous permet de nous différencier, en nous intégrant dans une « élite » ou dans un groupe de « privilégié » qui lui, connaît la vérité
- Elle nous met en valeur dans une économie de l’attention toujours plus exacerbée aujourd’hui
- Elle est peu engageante et implique peu de conséquences réelles pour une personne, la diffusion des fake news se réalisant principalement par des « likes » ou des partages derrière un écran via les réseaux sociaux
En bref, un débat passionnant que l’on vous propose de redécouvrir en intégralité sur notre chaîne YouTube en cliquant ici !
Nous espérons vous retrouver tous rapidement à nos prochains rendez-vous… A noter dans vos agendas :
- Le 2 juillet (et en présentiel) : colloque Temps & Espace, changements de paradigmes. Un sujet plus que d’actualité pour envisager sereinement le travail de demain. Le programme complet
- Le 29 septembre, et pour continuer sur cette thématique, nous organisons le 7e colloque IE qui sera dédiée cette année à l’économie de l’attention et ses conséquences pour nos organisations
Et peut-être un nouveau Webinaire à la rentrée… qu’en pensez-vous ?
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